Pontivy – Chapelle Saint Mériadec
Le bourg de Stival, situé à 3,5 km au nord-ouest du centre de Pontivy, est devenu le siège d’une commune en 1790, mais dès 1805 Napoléon la rattache à Pontivy.
En revanche, l’existence de la paroisse de Stival est attestée dès 1314. Longtemps elle est unie à la paroisse de Malguénac. Supprimée au concordat de 1802, elle est rétablie comme paroisse distincte en 1820.
Il y avait autrefois à Stival l’église de Saint-Pierre. Menaçant ruine, elle est désaffectée en 1914 et démolie en 1931. La chapelle Saint-Mériadec, voisine, devient alors église paroissiale.
La nef de l’édifice date du XVe siècle, tandis que le transept et le chevet plat sont du XVIe siècle. L’édifice est inscrit au titre des monuments historiques en 1933 et classé en 1985.
L’église, de style ogival, et en forme de croix latine, mesure environ 22 mètres sur 6,5 mètres. Elle est dotée d’une tour-porche massive. La voûte intérieure est garnie d’un lambris peint sur arceaux de bois.
L’intérieur de l’église abrite deux grandes verrières classées par les Monuments historiques le 3 octobre 1903.
La verrière du bras sud du transept date de 1552 et comporte 13 scènes de la passion.
La verrière du chevet retrace la généalogie de Jésus (arbre de Jessé).
De chaque côté de cette verrière ont été mis au jour il y a quelques années des fresques murales du XVIe siècle relatant la vie de saint Mériadec. (Source Wikipedia)
A l’intérieur, le mobilier se compose essentiellement d’un autel à baldaquin, complété de 2 retables architecturés en bois polychromé du XVIIème siècle.
Cette église est ouverte en été, dans le cadre de L’art dans les chapelles, tous les jours de 14h à 19h (sauf le mardi), aux dates de la manifestation.
Les fresques relatent telle une bande dessinée la vie légendaire de Saint Mériadec en douze scènes. Celles-ci ne sont pas à un anachronisme près puisqu’elles font côtoyer Saint Mériadec, un saint ayant vécu au VIIe siècle et le vicomte de Rohan, contemporain de la construction de l’église. (Source Wikipedia)
Mériadec donne ses biens aux pauvres (en haut).
Il prie le vicomte de Rohan de poursuivre les voleurs (en bas).
Légende de saint Mériadec, peintures murales.
En 1985 puis en juin 1986, des peintures murales ont été mises à jour, encadrant la maîtresse-vitre du choeur et racontant la vie de saint Mériadec. Classées aux Monuments historiques, elles ont été restaurées par l’entreprise Pierre Laure.
Elles étaient pourtant déjà partiellement visibles en 1883 pour l’abbé Euzénot qui décrit « huit fresques qui, pour être anciennes, n’en sont pas moins détestables ». (‘Bull. S.A.F. 1883 p. 282). Quatre autre étaient masquées.
Pour les dégager, l’atelier Jean Jubin a du déposer un retable du XVIIIe siècle réalisé par le sculpteur Louis-Marie Le Magado et le peintre Martin Le Corre, retable en bois polychrome classé Monuments historiques en 1982.
Stival, ancienne trève de Malguénac, est sur le territoire de la puissante famille de Rohan dont l’origine remonte à 1120 et, à cette époque, c’est Jean II de Rohan (1452-1516) qui est vicomte de Rohan, de Léon et comte de Porhoët.
Avec son épouse Marie de Bretagne, il exerce une puissante activité de mécénat architectural et artistique (voir Le retable de la chapelle Notre-Dame de La Houssaye à Pontivy), dans le souci d’étendre son influence et de devenir duc de Bretagne.
Son souci de doter la chapelle de Stival d’un cycle de peinture dédié à la vie de saint Mériadec est en relation avec la nécessité d’assurer leur légitimité et d’enraciner leur pouvoir puisqu’en 1479, le vicomte de Rohan avait fait établir un Mémoire où il soutient qu’il descend du troisième fils du roi Conan; les autres fils étant saint Mériadec, l’aîné, et le successeur du roi Conan, le second.
Il remonte ainsi, « de père en fils en droicte ligne masculine » au roi Conan, du IVe siècle, avec une double ascendance royale d’une part (plus ancienne que les ducs de Bretagne et que les rois de France), sainte d’autre part avec saint Mériadec, évêque de Vannes.
Dans le même temps , Jean II fait construire le château actuel de Pontivy, habitable vers 1485, et vers 1500 sa chapelle est consacrée à saint Mériadec.
Deux autres sanctuaires honorent ou honoraient saint Mériadec : l’église de Noyal-Pontivy, où se trouve ce qu’on nomme « le tombeau de saint Mériadec » ; et Saint-Jean-du-Doigt à Plougasnou, dont l’église est construite sur un ancienne chapelle dite de Traon-Mériadec et qui conserve une statue et une relique du saint.
Ce dernier lieu est bien situé sur les terres d’influences des vicomtes de Rohan, comtes de Porhoët (Pontivy et Noyal-Pontivy) mais aussi vicomte de Léon.
Le vicomte (ou les chanoines à son service) pouvait citer en référence la Vita de saint Mériadec du Légendier de la cathédrale de Vannes (perdu depuis), ou un lectionnaire de la cathédrale de Tréguier (perdu depuis la révolution, mais une copie est disponible).
Nous disposons actuellement de la Vie de saint Mériadec établie par le frère Albert Le Grand dans sa Vie des saints de bretaigne armorique, Nantes, 1637 ou de celle de dom Guy-Alexis Lobineau : Les Vies des saints de Bretagne, Rennes 1725.
Les Propres des diocèses (partie des bréviaires propre à chaque diocèse pour célébrer les saints locaux) relatent aussi sa légende : Propre de Nantes de 1790, Propre de Vannes de 1660, 1726 et 1757
Les peintures murales.
Ce ne sont pas des fresques, dont la peinture est appliquée sur un enduit frais, a fresco, et qui sèche en même temps que lui, mais des peintures a tempera, dont les pigments sont liés à l’oeuf (jaune d’oeuf ou oeuf entier) ou parfois le miel ou le lait et appliqués sur une préparation sêche de plâtre ou de craie : elle est difficile à utiliser car elle sèche vite, durcit et devient insoluble. De plus, elle est sensible à l’humidité. L’aspect en est mat.
A Saint-Mériadec, les pigments (rouge de cinabre, bleu azurite, vert de cuivre) protégés par l’écran du retable, ont préservé leur éclat, .
La datation a pu être précisée par l’étude des costumes et évaluée à la fin du XVe siècle (1480-1500, Charles VIII). En effet, les hauts-de-chausse unis ou rayés, les pourpoints resserrés à la taille, les couvre-chefs à large bords, et le style des chaussures sont caractéristiques.
Elles sont organisées en deux sous-ensembles, l’un à gauche du vitrail illustrant l’engagement de Mériadec dans la vie ecclésiastique puis d’ermite, l’autre à droite montrant son accession malgré sa volonté au poste d’évêque de Vannes. De chaque coté, six panneaux organisés en deux registres se lisent en débutant en haut à gauche.
I. Mériadec, fils du roi Conan et frère des Rohan.
a) Inscription: Com(m)ent saint mariadeuc, filz du duc de bretaigne . descendu de la ligne du roy cognan prouche du vico(m)te de rohan . Lequel saplicquoyt à dieu le ciur si fort qu’on s’emerveilloyt de la saincte vict qui demenay en (n) la tennelle.
b) Selon Albert Le Grand, saint Mériadec naquit en 758 en Bretagne armorique, et ses parents l’envoyèrent à la cour du roi de Bretagne « et y demeura cinq ans entiers, vivant parmi les autres courtisans sans se souiller des vices ordinaires de la cour, comme la salamandre dans le feu sans se brûler. Il était dévot envers Dieu, lequel il servait fidèlement. »
L’inscription est proche du texte latin du Bréviaire de Vannes de 1589, reprenant le lectionnaire de cette ville : Beatus Mereadocus de genere Brittannorum ex recta linea consanguinitatis Conani regis magnifici procreatus.
c) On admet que Mériadec naquit plutôt au début du VIIe siècle. Le roi légendaire Conan-Mériadec serait né en Grande-Bretagne à la fin du IVe siècle, puis serait devenu chef de guerre en Gaules comme duc d’Armorique avant de devenir le premier roi de Bretagne.
d) l’image montre Mériadec assis en train d’étudier, et quatre autres personnages, dont le roi. En arrière-plan, un paysage riche en constructions (tour, toits) sans perspective, avec deux arbres, deux personnages près de la tour et un autre gravissant une côte.
L’étude des chapeaux montre trois types : celui de Mériadec rappelle le bonnet carré des clercs et se retrouve sur la tête du personnage du milieu. Nous voyons aussi deux chapeaux en forme de cône, et un chapeau à larges bords orné d’une médaille.
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