Chapelle Notre Dame de Carmès

Voici un article dédié à Notre Dame de Carmès, tiré de notre journal paroissial, la Lettre de Notre Dame, de Juin 2025. Pour soutenir notre patrimoine religieux, et plus particulièrement la Chapelle Notre Dame de Carmès, n’hésitez pas à soutenir l’Association des Amis de la Chapelle, en suivant ce lien ou en vous rendant directement sur leur site : https://www.carmes.org/

« Chapelle Sixtine du Morbihan », « Bijou patrimonial », les panégyriques pleuvent pour qualifier la chapelle Notre Dame de Carmès, de Neulliac. Et c’est peu dire qu’elle mérite largement tous ces titres : magnifiquement ornée et restaurée à de nombreuses reprises, la chapelle témoigne du lien entre la Foi catholique et la Bretagne au fil des époques, par son architecture, ses lambris et décorations entreprises par les mécènes depuis plus de 500 ans.

L’origine du mot « Carmès » est difficile à confirmer. Pour les uns, il s’agit du nom du lieu-dit Ker-maes ou Car-ar-maez (« Hameau des champs » en breton) ; pour les autres, il y aurait un lien avec Notre Dame du Mont Carmel, priée en ces lieux au XVII°Siècle. La première chapelle en granit et schiste fut construite au XV°Siècle grâce au mécénat de la famille de Rohan, sur un plan en croix latine à vaisseau unique avec un chœur à chevet plat. De cette première chapelle subsiste encore le clocher-porche, où reste gravé la date de 1521, le transept, la nef et l’amorce du chœur.

Le transept était déjà orné par des premiers lambris gothiques sur bois, miraculeusement préservés, du milieu du XV°Siècle. Ceux-ci furent découverts lors de la phase de restauration en 1983, sous les lambris du XVIII°Siècle. Ils présentent la vie de Sainte Catherine d’Alexandrie et des chœurs angéliques célébrant les offices de Pâques et de Noël.

Au XVIII°Siècle débute une grande phase de restauration et d’embellissement. En 1705 est surtout réalisé un nouveau décor en peinture à l’huile pour le lambris neuf, posé sur le lambris originel. Ce lambris, signé par l’artiste La Palme, reprend le thème du Rosaire, avec un premier tableau montrant Notre Dame du Scapulaire, et les autres montrant les Mystères du Rosaire. « En effet, le culte du Rosaire fut initié et encouragé par la papauté suite à la victoire sur les Turcs à Lépante en 1571. De nombreuses confréries du Rosaire virent alors le jour ».1

Il est à noter que ces peintures ne furent pas faites par la famille Le Corre, artistes pontivyens qui travaillèrent notamment sur les lambris et peintures des chapelles Sainte Tréphine et Sainte Noyale, au début du XVIII°Siècle.

Des premières grandes cloches sont bénies en 1720 et 1721 par l’évêque de Cornouaille, diocèse dont dépendait Neulliac. Elles sont ensuite remplacées en 1751 et 1753, et sont toujours en service aujourd’hui.

A partir de 1768, les parties hautes du clocher sont restaurées, le chœur est agrandi, certains murs restaurés et une sacristie est ajoutée. L’artiste Deduy complète également le lambris peint par La Palme. Le retable en bois polychrome du maître-autel, représentant le don du Rosaire par la Sainte Vierge à Saint Dominique et Sainte Catherine, date de 1778. Enfin, en 1783 sera restauré le pignon-nord du transept et, peu avant la Révolution française, la façade ouest de la nef.

Après une Révolution française où la chapelle subit quelques dégâts, la Paroisse de Neulliac quitta le Diocèse de Cornouaille en 1801 pour rejoindre celui de Vannes. Quelques années plus tard, en 1814, aura lieu une grande restauration des peintures du lambris par un artiste peintre de Loudéac, Blévin. Ces peintures furent ensuite restaurées entre 1986 et 1990 par l’atelier parisien François Bailly.

Par la suite, l’Association des Amis de la Chapelle continue l’entretien et la préservation de l’édifice, permettant par exemple en 2009 l’installation des panneaux de lambris du XVI°Siècle dans la sacristie, pour pouvoir être accessibles aux visiteurs et paroissiens.

A l’extérieur de la chapelle, à environ 150 m, se trouve la Fontaine Notre Dame de la Clarté, classée monument historique depuis 1980 (tout comme la sacristie et le décor intérieur de la chapelle). Semblant dater de la fin du XVIII°Siècle, elle est entourée d’un muret : historiquement, les paroissiens s’y rendaient plus spécifiquement pour demander la guérison des maux des yeux.

Pourquoi des lambris si richement ornés ?

Au lendemain de la Réforme luthérienne, le Concile de Trente (1545-1563) souhaite réaffirmer, de toutes les manières possibles, les grands points du catholicisme. Cette décision va impacter la décoration même des églises, pour rappeler qu’elles sont la Maison de Dieu, et « l’antichambre du Paradis » : la décoration se veut alors foisonnante, détaillant la vie du Christ et surtout celles des Saints et de la Sainte Vierge Marie, dont l’intercession était fortement remise en cause par la Réforme. [1]


[1] Société polymathique du Morbihan, Janvier 2003, Regard sur les lambris peints du Pays de Pontivy

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