Pardon de Saint Mériadec, à Stival
En ce Dimanche 9 Juin était célébré en l’église Saint Mériadec à Stival, le traditionnel Pardon de Saint Mériadec. Après avoir célébré la Messe dans l’église, le Père Thomas a pu porter la cloche du Saint en procession autour de la chapelle et, suivant la tradition, a pu bénir les différentes personnes qui le souhaitaient en « sonnant » la cloche autour d’eux. Ce Pardon s’est enfin terminé par un moment de convivialité dans le parc qui jouxte l’église.
Pour en savoir plus sur les cloches de nos Saints :
Nos Saints bretons sont souvent représentés avec leurs attributs, que ce soit le loup de Saint Hervé, le pain du Santig Du ou encore la serpe de Saint Isidore, saint protecteur des cultures. Toutefois, ces attributs périssables ne traversent pas le temps et il n’y en a donc aucune trace aujourd’hui. A leurs côtés subsistent plusieurs cloches en Bretagne, directement liées à leurs Saints respectifs. Ces cloches à main, témoins des premiers siècles et héritières des cloches celtiques, étaient alors sonnées et imposées sur la tête de chaque pèlerin pour solliciter l’intercession du Saint pour une guérison particulière.
La première des cloches est celle de Saint Ronan, portée en procession lors de la Troménie de Locronan, et conservée dans le trésor de l’église Saint Ronan de Locronan (29), aux côtés des reliques de Saint Eutrope. Cette clochette, martelée dans le cuivre et malheureusement fortement abîmée, est datée entre le VI° et VIII°Siècle : elle était imposée pour demander une guérison des soucis d’audition, y compris de la surdité totale.
La seconde cloche du Finistère est celle de Saint Goulven, à Goulien (29). Datée également du VIII° ou IX°Siècle, la tradition rapporte qu’elle serait l’une des trois cloches que Saint Goulven fit faire après avoir miraculeusement transformé 3 poignées de terre en or, comme le décrit l’hagiographe Albert Le Grand : « mais sentant cette terre s’appesantir extraordinairement en son sein, il ne pût tenir de regarder ce qu’il portait, et d’où venait cette pesanteur extraordinaire, et trouva que cette terre que Joncour avait jeté en son sein, s’était multipliée de moitié, et convertie en pur or. Saint Goulven ayant su ce qu’il s’était passé, tança Maden de sa curiosité, et de cet or fit faire un calice, trois croix, et trois belles cloches carrées qui avaient un son fort harmonieux, de telle pesanteur, que personne ne pouvait sonner d’une seule main. On garde une quatrième cloche carrée de laiton en l’église Paroissiale de Goulien en Cornouaille, laquelle posée sur la tête des malades les soulage ou guérit entièrement. » Cette cloche est faite en bronze et fonte, à pans plats, haute de 26 cm. [1]
La troisième cloche du Finistère, et sans aucun doute la plus connue, est celle du Saint fondateur Saint Paul Aurélien, conservée dans la Cathédrale Saint Paul Aurélien de Saint Pol de Léon. La tradition rapporte que la cloche, portée par une anse en forme de poisson, serait apparue miraculeusement dans le produit d’une pêche, alors que Saint Paul Aurélien faisait étape sur l’île-de-Batz – le Saint l’aurait alors surnommée « Hir-Glaz » (la longue bleue). Egalement utilisée pour solliciter l’intercession du Saint pour la guérison des maux de tête et de surdité, la cloche vit son imposition restreinte en 1629-1630, quand Monseigneur Rieux exhorta ses chanoines à refuser l’imposition pour ne tolérer que sa présentation.
Deux autres cloches peuvent également être trouvées en Bretagne : la cloche de Saint Symphorien à Paule, qui se trouve en l’église Saint Paule dans les Côtes d’Armor et celle de Saint Mériadec à Stival, près de Pontivy dans le Morbihan. Cette dernière continue d’être imposée chaque année, lors du Pardon traditionnel, perpétuant la tradition particulière du « bonnet de Saint Mériadec » – attestée sur des peintures murales du XVème siècle. Aux côtés de ces cloches principales, il existait également bien d’autres cloches d’autres Saints, comme celle de Saint Ke qui fut par la suite fondue par Saint Gildas, ou encore celle de Saint Guirec, saint fondateur de Perros-Guirec, qui est aujourd’hui conservée aux Archives départementales des Côtes d’Armor.
[1] A. le Grand, Vies des Saints de Bretagne, 3ème éd. 1680.